lundi 12 mai 2014

Elégants fantômes...,

Soudain la lumière s'assombrit. Le ciel va éclater, des tornades de toute part nous avaler, des crabes géants sortis des abîmes nous broyer, des monstres hideux nous dévorer, nous emporter et pire encore, nous imiter... Voilà ce qu'il pourrait nous en coûter si nous continuons d'ignorer avec mépris et dans la plus totale indifférence, les villas fantômes de Kep que la végétation opulente de la forêt n'a pas achevé d'engloutir. Kep, petite station au passé florissant et dont on dit qu'elle était Le Touquet de l'Asie du Sud-Est. Partout, du quartier du Saravohan jusqu'à l'école du Jardin des langues, ces carcasses délabrées rappellent les sévices du boucher Pol Pot mais montrent aussi combien les architectes mandatés par la classe bourgeoise des années soixante avaient de talent. Bel alignement de poteaux, porte à faux aérien, rampe tendue, ligne horizontale dominante. Malgré leur état de dévastation, tout ce vocabulaire d'architecture moderne est encore bien lisible dans certaines de ces villas quand bien même elles sont perdues à jamais. Certaines, au moins quatre, n'ont rien à envier aux projets cubistes du Corbu ou de Mallet Steven et au moins deux parmi les plus belles pourraient être rénovées car, leur béton armé n'est pas altéré. Il est dommage que quelques riches investisseurs connaisseurs et adeptes du beau n'aient pas le droit de les réhabiliter à l'identique, puisque ces terrains sont en grand nombre inconstructibles et leur affectation visiblement gelée pour longtemps. Oui, dommage pour le plaisir des yeux et la sauvegarde des beaux objets de l'humanité. Architecture d'un passé feutré et cultivé qui malgré son état de ruine dame le pion avec insolence aux constructions actuelles voisines mi-pagode japonaise, mi temple d'ankor, mi Petit Trianon bref, style grand petit moyen comme dirait l'autre...

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